Tango Tandem
Par Émile Brassard
le lac lisse
me fait de l’oeil
en brûlant mes rétines et mes pommettes
des mille feux réfléchis
sur la glace de dégel
du lac lisse
sous le soleil printanier
qui réveille les branches
revitalise l’air dans mon thorax
d’un jet d’une brise d’une
envolée d’envolées
au-d’ssus du lac lisse
d’une vision de crue
d’un monde en changement
et du plus ardu derrière
qui m’fait dire rien
qui me ramone les espaces
de la fuite et de l’espoir
qui me donne le goût de croire
le goût de m’aveugler
assis sur ma p’tite souche désséchée
moi pis mes cheveux-origami
qui filtrent le vent
et photosynthétisent les ondes de calme
dans le berceau de l’attente
mes tympans frétillent
sur mon corps de chêne
qui tangue patiemment
en oubliant la sensation de ses jambes
et les heures de Greenwich
tango tandem
avec le sol qui grouille
et s’emmêle autour des racines sereines
échange de palpations
autour d’histoires qui réchauffent
qui exultent et propagent les rêveries
intarissables de voyageurs inconnus
qui racontent en dansant
sur le mince fil des raccordements nerveux
complices
et des toiles des non-dits
où tout le monde glousse et s’évapore
dans sa propre langue.