Vide
Par Émile Brassard
Je fuis le vide
comme si c’était
un vendeur de mauvais rêves
une paire d’épaisses dents jaunes broyeuses de jeunesse
un gouffre de temps perdu
une pause paralysante et mortelle
une indigestion d’heureuses chances
une grimace bien cachée de tous les organes
un geste créateur gêné soudainement, laissé, moite, en suspens
un sentiment inavoué d’hésitation et de refoulements
un son sourd et grinçant qu’on ne sait si quelqu’un d’autre entend
une cicatrice si évidente sous les yeux
une tache hurlante sur un mur mat
un vent de panique ralenti à l’extrême
…